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27 mai 2010 4 27 /05 /mai /2010 00:26

 

Mise à jour : 28/05/10

 

Et puis, l'homme se met à penser son amie, son amie d'enfance Annette qu'il a laissée un jour sur un quai. Ils s'étaient promis amour, toujours. Il ne l'a jamais revu. Le temps ne pardonne rien. Par la fenêtre, il lui semble apercevoir quelques nuages de fumée, bouffées d'un autre temps. Il ne s'en étonne pas, il est indifférent. Le train s’arrête en voie, un crissement métallique, un bruit de pompe, d’écoulement d’eau. Il songe à son amie, à la vie qu'ils auraient pu avoir, une famille, des enfants ... Peu à peu son souvenir se précise, se reconstruit par petites touches,. Il la revoit telle qu'il l'a quittée, sur ce quai, dans sa petite robe à fleurs, et son chapeau de paille avec un ruban bleu.  Regrette-t-il ? Il est atone, inerte, incertain.

 

 

 

La lumière par la fenêtre lui semble vive, pure, transparente, les tons sépias deviennent une palette de couleurs chatoyantes. L'air est limpide. Le train entre en gare. La machine s'arrête en soufflant. Un chef de gare s'égosille sur le quai. L'homme descend du train, il est chez lui. Est-il jamais parti ? Annette est là, sur le quai, telle que dans son souvenir, souriante, dans sa petite robe à fleurs. Il ne sait plus où il est, il ne sait plus quand il est. Il s'approche à petits pas hésitants, seul acte conscient et volontaire qu'il fait depuis un temps qu’il ne maîtrise plus. Est-il possible que le temps se soit arrêté sur ce quai ? Que tout n'ait été qu'un rêve ?

 

 

L'homme est en face d'Annette, il la regarde intensément, longtemps. Il lui adresse la parole.  Il s’écoute parler, étonné …

 

 

    

    - Je ne pars plus, je ne veux plus... je veux rester avec toi.

 

 

 

Ils se regardent les yeux dans les yeux, figés, sans le moindre mouvement. Il n'entendent pas les portières qui claquent, le coup de sifflet du chef de gare, la locomotive qui souffle, le train qui s'ébranle dans de grands panaches de vapeur blanche ... Pour eux rien ne bouge, les quais se sont vidés, le silence est absolu. Un temps infini, incertain, nécessaire, pour que des souvenirs devenus inutiles s'estompent et se dissolvent peu à peu, volutes évanescentes qui se dispersent et s’évaporent lentement, comme les bouffées de vapeur de cette vieille locomotive qui s'éloigne.

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